Parmi les différents axes stratégiques déployés dans le cadre des projets de territoire de CDC Habitat, le renforcement de la Maîtrise d’Ouvrage Directe (MOD) doit permettre de toujours mieux répondre aux besoins identifiés au niveau local, en apportant des réponses réellement sur-mesure. Gilles Guérinet, directeur de la MOD et du patrimoine de la DIR PACAC, revient sur la manière dont la stratégie va être déployée dans les prochaines années.
Pourquoi cette volonté de renforcer la Maîtrise d’Ouvrage Directe aujourd’hui ?
Gilles Guérinet : La Maîtrise d’Ouvrage Directe a toujours été une des marques de fabrique de notre Groupe, avec des équipes en interne spécialisées sur ces questions – aussi bien au national que dans chacune de nos directions interrégionales. Mais depuis deux ans, nous sommes très occupés par les nombreux programmes en VEFA acquis des différents plans de relance menés par le Groupe suite à la pandémie. Nous avons un cahier des charges très exigeant et donc même en VEFA, nous arrivons à proposer un patrimoine de qualité mais la MOD nous permet d’aller encore plus loin, en ayant une programmation réellement adaptée aux besoins des territoires. C’est cette approche en sur-mesure que nous voulons fortement développer dans les prochaines années.
La MOD vous permet de faire des choses que les acquisitions en VEFA ne permettent pas ?
GG : La MOD nous permet en effet de porter des projets sur lesquels peu de promoteurs sont prêts à investir, comme ce que nous avons réalisé dans le secteur Ruisseau-Mirabeau du 15ème arrondissement de Marseille. Sur ce quartier où l’on trouve des populations fortement précaires, avec de vraies tensions, nous sommes venus construire une vingtaine de maisons individuelles qui ont été livrées entre 2018 et 2021. Ces maisons ont été mises en location et proposées aux personnes déjà logées par CDC Habitat dans des immeubles voisins qui dataient des années 50-60. Cela nous permet de créer une dynamique de parcours résidentiel sur un secteur connu pour ses problèmes de vol ou de casse, et où peu d’entreprises sont prêtes à intervenir. Si nous ne menons pas ce genre de projets, qui le fera ?
La maîtrise d’ouvrage vous permet aussi d’apporter des réponses complètes à des besoins précis, par exemple pour le logement des militaires et de leurs familles.
GG : Tout à fait. L’un des exemples les plus marquants est le travail que nous menons depuis plusieurs années à Salon-de-Provence dans le quartier Lurian. Sur un patrimoine vieillissant dont nous sommes propriétaires, situé en face de la base militaire aérienne, nous sommes venus porter un projet complet, avec démolition, reconstruction et réhabilitation de plusieurs centaines de logements. Nous sommes ainsi passés en l’espace de quelques années d’une architecture de barres d’immeubles typique des années 70 à des petits collectifs et des maisons individuelles – proposées à la fois à la location mais aussi à l’accession sociale à la propriété. Nous travaillons avec les services de l’Armée de l’air pour adapter certains volets du projet et leur proposer en priorité certains programmes. Sur les 7 phases, il y a une vraie mixité qui s’est créée et qui apporte énormément à la ville.
Cette dynamique va-t-elle continuer à s’accélérer en PACAC ?
GG : C’est notre souhait car il ne fait aucun doute que la MOD reste le meilleur moyen de sortir des sentiers battus. C’est aussi pour nous l’assurance de pouvoir maîtriser nos ressources durables, par exemple quand il s’agit de répondre à un besoin urgent identifié par une collectivité partenaire. Mais nous sommes également prudents car la conjoncture actuelle est complexe : les prix des matières premières augmentent, certaines entreprises ont du mal à s’engager dans la durée, leurs équipes sont fragiles. Nous réfléchissons donc à d’autres manières de fonctionner, notamment en co-promotion, afin de conserver une plus grande maîtrise et une plus grande souplesse dans le montage des projets, tout en partageant nos savoir-faire avec les promoteurs.